Jeudi 20 novembre, présentation des Cahiers d’Alter , ce que j’ai vu à Auschwitz. Alter Fajnzylberg, ancien brigadiste en Espagne républicaine, résistant, déporté à Auschwitz, affecté aux sonderkommandos de ce camp a laissé un témoignage unique qui sera présenté par son fils Roger Fajnzylberg. Lecture d’extraits du texte d’Alter par la Compagnie de l’Arbre sec. Séance organisée en partenariat avec l’ACER (Amis des combattants en Espagne républicaine) et l’MRJ-MOI (Mémoire des résistants juifs–main-d’œuvre immigrée).
Jeudi 9 octobre l’Advr a présenté le film de Pascal Crépin : La voix du rêve. Ce film est un témoignage sur ce qui a été le camp de Natzwiller–Struthof, seul camp de concentration nazi installé sur le territoire français . Il faut cependant signaler que l’Alsace était alors annexée au Troisième Reich . Dans ce camp et ses annexes ont été internés plus de 52 000 personnes dont 3500 femmes. Les déportés internés au Struthof étaient des déportés NN (nacht und nebel) c’est-à-dire nuit et brouillard. Ces déportés étaient destinés à disparaître sans laisser de trace. Plus de 20 000 personnes ont été assassinées dans ce camp par la faim, le froid, la maladie, les mauvais traitements, les « expériences » médicales.
Notre ami Jean Villeret ainsi que quatre autres survivants de camp témoignent dans ce film particulièrement émouvant et qui permet de découvrir un camp trop peu connu.
La discussion a été animée par Julien Le Gros, ancien rédacteur en chef du Patriote résistant, mensuel de la FNDIRP ( Fédération nationale des Internés, résistants et patriotes) dont Jean Villeret était le président. Cette discussion a permis notamment une réflexion sur les raisons de cette méconnaissance de l’existence d’un camp nazi en France.
vue de la salle et une photo des ouvrages présentés par Julien Le Gros
Cette année, la Journée Nationale de la Résistance s’est déroulée en deux étapes.
Lundi 26 mai le village des associations a été installé esplanade Nathalie Sarraute dans le 18e arrondissement. Comme chaque année l’ADVR avait un stand qui a été tenu par Geneviève Guyot, Josette Borzakian, Migiuel Vallecilo et moi-même. Des spectacles se sont succédés tout au long de l’après-midi.
Le 27 mai nous étions également présents au 48 rue du Four devant l’immeuble où il y a 82 ans, dans Paris occupé, à quelques pas du Lutétia où les Allemands étaient installés, a été créé le Conseil National de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin. Le CNR s’est donné deux objectifs, le premier était d’organiser la libération du pays et le second de prévoir la reconstruction et la mise en place d’une France plus juste, grâce a un programme politique, économique et social fondé sur de profondes et véritables réformes comme la France n’en avait jamais connu.
Comme l’a dit Guy Hervy, secrétaire général du Comité parisien de la libération (CPL) qui organise chaque année la JNR, comment aurait-on pu alors penser que ces réformes seraient, avec une telle constance, attaquées depuis déjà de nombreuses années.
Être digne de l’œuvre finale du Conseil National de la Résistance nous impose de défendre sans relâche la France qu’il a voulu créer.
Il y a 80 ans, en mai 1945 se concrétisait tout le combat mené pour la libération de notre pays par l’unification difficilement réalisée de la Résistance française portée dès le 27 mai 1943 par ceux qui se sont réunis ici, autour de Jean Moulin. Depuis ce lieu, ils se sont fixés comme but d’organiser la Résistance pour libérer le pays châtier les traîtres et reconstruire une république débarrassée à tout jamais du fascisme, du nazisme de l’idéologie criminelle génocidaire qui les accompagnait. Faire que le monde soit un monde de paix débarrassé à jamais de la guerre. Qui aurait pu penser, 80 ans plus tard, en mai 2025, qu’à quelques centaines de mètres d’ici, autorisé par un arrêt d’une cour de justice, des gens se revendiquant officiellement de la pensée nazie, de ses pratiques, de son racisme, de son antisémitisme, de son refus de la différence, de sa haine de tout ce qui est progressiste, auraient le droit de défiler alors que le tribunal international de Nuremberg, les lois de la République, ont mis au banc de la société qui interdisent et condamnent l’idéologie et les pratiques de ces groupes, ordonnent de les interdire ? Qui aurait pu penser que le président de la République puisse annoncer la mise en place d’une économie de guerre avec ce que cela signifie comme présage de restrictions des droits sociaux, des libertés. Qui aurait pu penser que sur les rives de la Méditerranée, à Gaza des actes que le droit internationale et l’ONU qualifie de génocidaire puisse se produire sans réaction forte de la communauté internationale qui fête cette année la mise en place des nations unies. Ces questions, il faut se les poser et regarder comment on peut faire face à la montée des périls, comment rassembler pour s’opposer à cette résistible ascension de l’extrême droite dans notre pays. Pour cela, certes, il faut actualiser les choses, ne pas recopier, mais nous disposons des éléments qui ont commencé à se construire au premier étage de cet immeuble le 27 mai 1943 avec un conseil de la Résistance qui se projetait dans l’histoire comme la représentation exclusive et unique de toute la Résistance intérieure française unifiée, donnant pouvoir au général de Gaulle à Alger pour représenter la France auprès de tous nos alliés, construisant l’avenir autour de son programme portant ce si beau titre les jours heureux.. 80 ans qui ont permis, y compris à l’issue de la guerre, même si le Conseil de la Résistance devenu Conseil National de la Résistance n’en est pas à l’origine, il faut rendre à l’assemblée provisoire d’Alger ce qui lui appartient, à ce que les citoyennes de ce pays puissent devenir électrices et éligibles. 80e anniversaire aussi, où à deux pas d’ici s’organisait à l’hôtel Lutetia le retour de ceux et celles qui avaient survécu à l’extermination, à la déportation. A la barbarie génocidaire nazie. Hôtel Lutetia, lui aussi. à quelques centaines de mètres du lieu où s’est déroulée cette manifestation des partisans d’un ordre suprémaciste et génocidaire. Dès la libération conquise, le gouvernement promulgue les ordonnances qui vont marquer en profondeur la nature de notre république: Ce sera la protection judiciaire de la jeunesse qui considère un jeune, même délinquant voire criminel, non pas comme un être à retrancher de la société, mais un jeune être humain à aider à se réinsérer. L’ordonnance sur la sécurité sociale qui fait que les richesses créées par le travail vont d’abord à ceux qui les produisent pour vivre, assurer la santé et la retraite. Pour ne pas alourdir le propos n’en rester qu’à l’ordonnance interdisant aux puissances d’argent d’être en possession des outils d’information. Toutes ces ordonnances avec les nationalisations créant le socle d’un grand service public tant mis à mal par des décennies d’un libéralisme qui aujourd’hui affiche son impasse, éclairée par le nouveau premier responsable des USA, dont le peuple hier, fut avec le peuple soviétique d’alors, les Britanniques, canadiens et peuples des pays alors colonisés, les acteurs de la libération de la planète. 80 ans après la fin des combats de la 2GM, la guerre est de nouveau en expansion jusqu’au cœur de l’Europe. Plus les peuples voient leurs droits sociaux de citoyens, leur liberté reculer plus la paix aussi recule et plus les budgets d’armement deviennent les clés de voûte des budgets des Etats au détriment de la culture, de l’éducation de la santé des loisirs du sport. Ce n’est pas ce dont étaient porteurs les 17 réunis à ce premier étage le 27 mai 43 autour de Jean Moulin. Leurs idées restent d’une urgente actualité: s’affranchir des idéologies fascistes et nazie criminelle, faire que la société tourne autour de la réponse aux exigences de liberté et de bien-être social. Plus que jamais les idéaux du CNR et de son programme sont d’une incontournable actualité pour inspirer les engagements d’aujourd’hui.
Jeudi 15 mai, l’ADVR a présenté à la mairie du 20e une conférence donnée par Henri Farreny président de l’Amicale des anciens guérilleros espagnols en France–FFI (aagf-ffi) sur le thème « Mourir à Paris ».
L’ADVR avait axé en grande partie son travail de cette saison sur les étrangers dans la Résistance en France avec d’abord le film de Jean-Pierre Vedel: « Le travail allemand », puis avec une séance au Sénat sur Manouchian et ses compagnons, en partenariat avec l’UCFAF ( Union culturelle française des Arméniens de France), avec aussi une séance sur la famille Fontanot : « Une famille italienne dans la tourmente de la guerre et de la Résistance » en partenariat avec l’Association France-Frioul, la Maison de l’Italie, la Société d’histoire de Nanterre et l’Association nationale des partisans italiens de Paris, il nous fallait naturellement évoquer les résistants espagnols qui furent très nombreux en France.
Henri Farreny a choisi de nous faire découvrir cinq figures de ces combattants espagnols.
Après avoir présenté le cadre historique général : la guerre d’Espagne, la Retirada, les camps de concentration en France, il a montré l’itinéraire de cinq guérilleros et présenté le travail de son association pour donner vie à leur mémoire et rappeler leur sacrifice. Il s’agit de Domingo Tejero, José Baron, Conrad Miret, Mannuel Bergès et José Roig. Henri Farreny a également rappelé le nom de Celestino Alfonso, membre du groupe Manouchian fusillé avec ses camarades de l’Affiche rouge.
Il faut souligner que sans le travail acharné d’Henri Farreny et de ses compagnons de l’amicale des anciens guérilleros ces héros de la Résistance seraient aujourd’hui quasiment tous totalement oubliés.
Merci donc à Henri Farreny d’être venu de Montauban pour nous faire partager son travail de mémoire.
En ce mois de mai qui marque le 80 ème anniversaire de la capitulation sans condition de l’Allemagne, l’A DVR est heureuse de vous offrir la pièce adaptée du livre « Rester debout » (Yves Blondeau, éditions Tirésias-Michel Reynaud) Résister=exister.
La pièce a été adaptée etmise en scène par Jean-Baptiste Huet, Hélène Bayard, Marie-Claude Chiniard et jouée par la Compagnie de l’Arbre sec.
Distribution : Hélène Bayard, Marie-Claude Chiniard, Anne Anxolabéhère, Dominique Tardière, Jacques Tardière, Jacqueline Garcia.
Tous les textes sont tirés des interviews rassemblées dans le livre « Rester debout », soit une quarantaine de témoins/acteurs de la Résistance connus ou non.
Samedi 15 mars 2025 l’association France-Frioul, la Maison de l’Italie, l’Association de Défense des Valeurs de la Résistance, la Société d’Histoire de Nanterre et l’Association Nationale des Partisans italiens de Paris, ont présenté « La famille Fontanot dans la tourmente de la guerre et de la Résistance » Après une présentation du contexte historique et géographique réalisée par Patrizia Bisson, présidente de l’association France-Frioul, Paola Vallatta, présidente de l’ANPI Paris a évo- qué l’action des résistants italiens, l’historien Antonio Bechel- loni a retracé l’itinéraire de cette famille de militants commu- nistes qu’étaient les Fontanot. Une partie de la famille, réfu- giée en France, a participé activement à la résistance fran- çaise mais aussi italienne en cachant les chez elle les archives du parti communiste italien. Membre du groupe Manouchian, auteur de nombreux atten- tats, Spartaco Fontanot est fusillé le 21 février 1944 avec ses camarades de l’Affiche rouge. Son nom figure au Panthéon aux côtés de ceux de ses 22 camarades et de celui du colonel Gilles, Epstein, chef militaire des FTP de l’Ile-de-France. Les deux cousins de Spartaco, Nerone et Jacques, FTP tous les deux, furent fusillés, le premier en septembre 1943, le se- cond en juin 1944. Un moment riche et intéressant pour faire découvrir le courage des militants de base de la Résistance « étrangers et nos frères pourtant » qu’étaient les membres de la famille Fontanot.
Documents transmis par Monsieur Jean Paulhan, lettres adressées à sa grand-tante Lola Prussac par son amie Madame Segaller, du camp de Drancy, derniers signes de vie avant Auschwitz et la mort. Photos des deux protagonistes, toutes deux polonaises, prises sans doute au lycée de Lodz. Et un dernier billet vraisemblablement jeté de la lucarne du train de déportation et ramassé près de Reims par un cheminot. Jean Paulhan nous a fourni les fac-similés des originaux et la transcription des lettres. Nous le remercions pour ces documents précieux qui viennent illustrer dramatiquement le reportage que nous avons fait à la suite de notre visite de la gare de la déportation de Bobigny en décembre dernier.
C’est avec tristesse que je vous fais part du décès de Jacques Klajnberg dans sa 98 ème année. Il n’était pas membre de l’ADVR mais il était un témoin exceptionnel de la période de la Seconde Guerre mondiale. Résistant à 16 ans, il était l’un des fondateurs de l’association « Ecole de la rue de Tlemcen » qui a fait un remarquable travail de mémoire autour des enfants juifs assassinés à Auschwitz. Il était un fidèle des rencontres de la Mémoire que nous organisons chaque année au Lycée Hélène Boucher dans le 20e arrondissement.